Quelques faits marquants de l’histoire de la gastro-entérologie algérienne |
Par le Pr. T. Boucekkine |
Le Professeur Nabil DEBZI, Directeur de la Publication du Journal Algérien de Gastroentérologie (JAG), Organe officiel de la Société Algérienne d’Hépatogastroentérologie et d’Endoscopie Digestive (SAHGEED), m’a fait l’honneur de me demander, dans cet Editorial Inaugural de la Revue, de retracer l’histoire de la Gastroentérologie Algérienne de 1962 à nos jours. Vaste et difficile programme ! J’ai accepté le challenge ; je vais fouiller les coins et les recoins de ma mémoire et remonter le temps pour essayer de faire revivre et de dérouler chronologiquement le film des principaux évènements qui ont, tout au long de ces années, jalonné et marqué la vie de notre spécialité. Je m’y risque en sachant cependant que, de par la force des choses, on pourrait me reprocher certaines omissions qui, je l’assure, d’ores et déjà, seraient totalement involontaires. 1962 Au moment de l’Indépendance de l’Algérie et dans les premières années qui ont suivi il n’existait à proprement parler aucun service de Gastroentérologie ni aucun gastroentérologue de pratique libérale sur le Territoire National. La prise en charge des pathologies digestives était assurée par les services de Médecine Interne mais aussi par les services de Chirurgie Générale qui participaient également à l’enseignement de la spécialité ; Gastroentérologie et Chirurgie Générale ont été, à ce stade, indissociables sur le plan des activités de santé ainsi que pour l’enseignement. A Alger le service emblématique était représenté la Clinique Médicale du CHU Mustapha. Ce service de Médecine Interne (qui était en fait un véritable hôpital de 120 lits), sous la houlette du Professeur Jean LEBON assisté du Professeur Marc LEUTENEGGER et des Docteurs Gana ILLOUL et Mohand AIT MESBAH, avait une triple orientation Hépatogastroentérologie, Diabétologie et Endocrinologie. A Alger d’autres services de Médecine Interne, celui du Centre Pierre et Marie Curie dirigé par le Professeur Moulay MERIOUA ou celui de l’Hôpital Maillot qui œuvraient dans la même voie. Il en était de même à Oran dans le service dirigé par le Docteur Jean GAROBI. La contribution des services de Chirurgie, par le biais de leurs consultations tout-venant, recevaient également et traitaient des patients souffrant de pathologies digestives chirurgicales ou médicales mérite d’être souligné. Il en fut ainsi :
En ce temps là, peu de moyens, peu de personnel soignant mais de la part de tous une activité à temps plein effective, une présence Médicale et Paramédicale quasi permanente, beaucoup de sérieux, de disponibilité et d’abnégation, un sens du devoir, un effort de transcendance, de dépassement de soi stimulé par la Liberté Nationale retrouvée. A ce stade de la post indépendance le corps Médical Algérien était soutenu par des équipes médicales étrangères en particulier françaises qui ont participé à la prise en charge des patients et à la formation des futurs cadres Algériens. Que ces coopérants, dont la plupart étaient sincères et engagés soient remerciés pour leur présence à nos côtés et leur soutien. Ce fut une période faste pour la Médecine Algérienne et pour les jeunes étudiants que nous étions caractérisée par un engouement extraordinaire pour tout ce qui était scientifique, une soif d’apprendre concrétisée par un très grand nombre de candidats aux préparations à l’Externat et à l’Internat des hôpitaux et une participation particulièrement importante aux travaux de la Société de Médecine d’Alger, relancée peu après l’indépendance et aux différents Congrès Maghrébins de Médecine. 1967 : Premiers concours d’Agrégation et d’Assistanat des Hôpitaux en Médecine Faisant suite aux concours d’Externat et d’Internat des Hôpitaux qui ont donné à l’Algérie ses premiers futurs cadres Hospitalo-universitaires, les premiers concours d’Agrégation en Médecine et en Chirurgie ont été organisés en 1967 dans le but d’algérianiser le Corps des Médecins Hospitalo-universitaires de rang Magistral ; un candidat en Gastroentérologie, un admis, le Professeur Agrégé Gana ILLOUL. En Chirurgie Générale plusieurs impétrants et de nombreux admis dont les Professeurs Agrégés Bachir MENTOURI, Pierre ROCHE à Alger Abbas KANDIL, Mourad TALEB à Oran. La plupart des nouveaux agrégés ont été installés en tant que Chefs de Service et Responsables de l’enseignement dans la spécialité. Ils furent nommés Professeurs 3 ans plus tard. Ajoutons que dès 1968 et au cours des années suivantes des Concours d’Assistanat de 1er degré et de Maîtrise d’Assistanat ont été organisés. Ils ont concerné essentiellement les anciens Internes des Hôpitaux. Les premiers concours devaient aboutir à la nomination et à l’affectation dans les services de Gastroentérologie des Médecins suivants, par ordre chronologique : Docteurs Françoise MEHDI, Tadjedine BOUCEKKINE, Abdelaziz ZIARI, Akli KHEDIS et Hocine ASSELAH. On retiendra également les nominations de chirurgiens, Boussaad MERADJI, Kamel DAOUD, Messaoud ZITOUNI et plus tard, Farouk HASSEN KHODJA, Abdelhalim HAMANI, Amar HAMMAD. Ainsi les premières grandes équipes commençaient à se constituer principalement à Alger ; elles devaient, autour de ce noyau dur, s’élargir au fil des années et se concrétiser par la création du premier service de Gastroentérologie au niveau du CHU Mustapha puis celui du CHU d’Oran. 1972 Cette année fut riche en évènements : 1. Mise en place de la Réforme des Etudes Médicales, qui prônait un enseignement intégré organisé en modules et associant concomitamment enseignement théorique et pratique dans la spécialité enseignée. Les services de Gastroentérologie, (comme ceux des autres spécialités), ont été sollicités et ont dispensé l’enseignement de leur discipline selon un programme multidisciplinaire comportant également des conférences de pathologie, de chirurgie digestive, d’imagerie et de thérapeutique ; 2. Organisation du Deuxième Concours National d’Agrégation en Médecine Interne et en Chirurgie Générale. En Gastroentérologie la première agrégée issue de l’Internat des Hôpitaux fut Françoise MEHDI suivent, dès 1974 et les années suivantes les nominations de Tadjedine BOUCEKKINE, Abdelaziz ZIARI, Akli KHEDIS, Hocine ASSELAH, Mohamed MAHMOUDI qui devaient être nommés Professeurs, à partir de 1977 ; 3. Dans les années 1990 de nouveaux promus au rang de Professeur : Leila BEKRI, Mohamed ZERROUG, Farid CHAOUI Fatima BADJI, Tayeb DJADEL, Hamza BOUASRIA et plus tard Sherrazed HAKEM, M’Hamed NAKMOUCHE, Saadi BERKANE, Nosseir BAIOD, Nabil DEBZI et Chafika MANOUNI. 4. Création du Résidanat de Gastroentérologie. 5. Introduction de l’endoscopie digestive. 1983 : Création de la Société Algérienne d’Hépatogastroentérologie (SAHGE) La SAHGE a été crée en 1983. Ses objectifs essentiels étaient d’élever le niveau de connaissances des Gastroentérologues Algériens et partant d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients en organisant notamment la formation continue Post Universitaire en Hépatogastroentérologie et en encourageant et en soutenant toute activité de recherche. La SAHGE se proposait également de faire participer la Gastroentérologie Algérienne au mouvement international d’échange d’expériences et de connaissances selon toutes les modalités en usage. Depuis sa création le Bureau de la SAHGE a connu plusieurs Présidents, les Professeurs : Gana ILLOUL, Hocine ASSELAH, Tadjedine BOUCEKKINE et plus récemment Saadi BERKANE depuis mai 2014. Elle a organisé 25 Journées Nationales et participé activement à de nombreux congrès et journées scientifiques locaux, régionaux et internationaux. C’est ainsi qu’au cours de la dernière décennie la SAHGE a organisé ou contribué à la tenue de 45 Journées Scientifiques. Depuis Mai 2014 la SAHGE a pris le nom de Société Algérienne d’Hépatogastroentérologie et d’Endoscopie Digestive (SAHGEED). 2014 : Situation actuelle de la Gastro-entérologie Algérienne Aujourd’hui la prise en charge des Maladies de l’Appareil Digestif se fait aussi bien en milieu hospitalier qu’en pratique libérale. On compte plusieurs centaines de gastroentérologues libéraux répartis surtout dans les grandes villes sur l’ensemble du Territoire National. En outre de nombreux gastroentérologues exerçant ou non dans le cadre du Service Civil, sont répartis sur l’ensemble du pays dans les Etablissements Publics Hospitaliers. Malgré ces difficultés et grâce aux efforts soutenus de ses membres, la Gastroentérologie Algérienne s’est diversifiée à la faveur de formations complémentaires à l’étranger et de transferts de technologie ce qui a permis :
50 ans qui ont fait passer la Gastroentérologie de « spécialité hébergée et annexe » à une spécialité à part entière grâce aux efforts de certains d’entre nous. Qu’il me soit permis, ici, de saluer la mémoire de ceux qui nous ont quittés et qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de notre spécialité. Mais il reste beaucoup à faire, et, pour diverses raisons nous avons accumulé beaucoup de retard. Il serait utile :
Autant de mesures qui permettront à nos spécialistes d’atteindre un niveau de qualification et de compétence satisfaisant. Par Professeur T. BOUCEKKINE (6 janvier 2015) |